La grande famille hospitalière

Publié le par Mamzelle Snouc

Lorsque j'ai fini mes examens de fin d'année, en Novembre, j'ai décidé de m'accorder de longues vacances. La plupart de mes co-prom ont décidé de travailler en tant que FFIde (Faisant fonction d'infirmière, Ouhhh pas bô pas légal !!) ou aide soignante, le temps d'avoir le joli diplôme officiel. Moi, non. J'avais cramé mes dernières vacances à réviser mes 3 ans de cours à la campagne, 10 heures par jour pendant une semaine, à ne carburer qu'au coca pas light pour ne pas s'endormir sur la différence entre une papule et une vésicule, ou sur le mécanisme d'action des IPP (inhibiteurs des pompes à protons) et des diurétiques, afin de réussir mon écrit. (Hé oui, à l'époque, on se retrouvait tous à Rungis pour plancher ! ah... c'était le bon temps...)
<Et puis en plus, je suis tombée sur le diabète et la psychose maniaco-dépressive...grrrr>

J'en avais donc ras la casquette des démarches de soins, des calculs de doses, des effets secondaires et de l'innocuité d'un traitement.

Je réemménage donc sagement chez mes parents, à coté du garage, dans un pavillon de banlieue à X, où je fais installer une prise du câble, j'organise un petit bar dans mon placard et en avant pour des journées pépères !!!

Quelques semaines passent, Noël est vite arrivé. En plus, grâce à mes économies, j'ai pu me payer le permis en Août et je l'ai obtenu du premier coup ! Alors, je me ballade beaucoup, je kidnappe ma petite soeur pour des virées le vendredi soir au bord de la mer, on dort dans la voiture et on mange des croissants les pieds dans le sable.

La dolce vita, ça n'a qu'un temps, et c'est mon banquier qui me l'apprendra.
Le jour où, pour la première fois de ma vie, j'ai été à découvert, j'ai aussitôt feuilleté le journal local et envoyé ma candidature à la clinique du bout de la rue.
Un appel dans les 48 heures, un entretien de 30 minutes, et me voilà embauchée en CDI pour 8300F par mois, deux WE compris.
Je commence le 2 Janvier et je retombe amoureuse.

J'aimais déjà ma profession, j'ai découvert mon équipe.

Il est vrai que le premier poste garde un goût de madeleine de Proust. Je garde en mémoire les mots, les gestes, les odeurs de ces premiers mois. Malgré la charge de travail écrasante, les situations dramatiques, les urgences, les décès, il arrive que je rêve d'y retourner.

Pourtant, mon équipe n'était pas si extraordinaire : une surveillante absente et dépressive, des médecins de la vieille école, des aides-soignants dirigistes et têtus et des infirmiers hétérogènes. Mais ils ont tous été là pour me former, m'accompagner, me conseiller, me guider. Moi qui n'avais perfusé qu'une demi-douzaine de bras pendant mes études, je me retrouve seule à la tête d'un service de 30 lits, avec des patients de plus de 50 ans, et qui avaient un besoin criant d'anti-douleurs, d'antibiotiques, d'insuline en seringues électriques. Alors, je décroche le téléphone et je supplie la collègue de l'autre aile de venir m'aider juste 5 minutes.

Après quelques semaines, le rythme est pris et je deviens la meilleure pour poser des voies veineuses sur n'importe qui. Mais je n'oublie pas que c'est grâce au travail d'équipe, et je serai référente plus tard pour l'intégration des nouveaux personnels.

Lors de mon départ de cette structure pour raisons personnelles, toute la clinique viendra partager une tranche de saucisson et un verre de cidre.

C'est depuis ce jour que j'ai décidé de ne travailler que dans des petites structures, car j'aime ça, travailler en bonne intelligence avec des collègues de qualité. 

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