Mon père, ma mère, mes frères et mes soeurs...2

Publié le par Mamzelle Snouc

Revenons aux effets secondaires de la famille nombreuse.

Le premier stéréotype, surtout vivant à X, est le choix religieux intégriste.

On connaît les ribambelles d'enfants, tous habillés en bleu marine et en blanc, portant serre-tête en velours pour les filles et nuque bien nette pour les garçons. Les parents, carré Hermès/ perles/ petites chaussures talons 3cm + pantalon velours côtelé marron/ chemise vichy bleu. Je ne renie pas cet aspect, certes un peu conservateur, qui peut donner une apparence désuète. Pour moi, elle est surtout intemporelle et économique. Ce mode vestimentaire est un gage de bon goût et de pérennité. Le pull acheté à l'aîné sera rentabilisé sur les 4 suivants, sans se soucier de la mode ou des préférences de chacun. Avant 14/15 ans, on n'a pas voix au chapitre, et je suis assez d'accord avec cette éducation.
Ce n'est pas pour cela que toutes les familles nombreuses sont des grenouilles de bénitiers : il y en a qui ont fait le choix d'accueillir tous les enfants par conviction religieuse, tout en sachant rester très ouverts sur le monde. D'autres sont franchement athées, et ont des enfants en grand nombre, parce qu'ils les adorent, parce que le 4° était en fait accompagné d'une jumelle et/ou d'un jumeau, parce que c'est une famille recomposée qui a choisi d'avoir un enfant issu du couple en plus des propres leurs...

  Le deuxième stéréotype est de croire que les familles nombreuses peuvent se permettre d'être nombreuses parce qu'ils sont riches.

 Buzzzzzzzzz. Faux.
La majorité des familles de plus de 3 enfants( voire plus de 10 ) que je connais ne vit que sur un salaire et n'a pas de fortune personnelle.

Et les allocs, alors ? 

Pour comprendre les allocations, il faut déjà aller .
Ceux qui ont des enfants pourront le confirmer, il est impossible de s'enrichir avec les allocs, à moins d'enfermer son môme dans la cave pendant 3 ans, de ne lui donner à manger que des épluchures de légumes, de ne pas lui acheter de couches, de vêtements, de chaussures, de ne pas l'emmener chez le médecin, de ne pas le vacciner, de ne jamais lui offrir un jouet, et encore moins de l'installer dans un siège auto réglementaire, ou dans une poussette sécurisée... Je ne vous le conseille pas, c'est interdit par la loi et par votre morale de parents, si si !

Alors, comment survivre ?

En mangeant cheap (pas cher) et efficace : pain (quoique de nos jours, cela devienne du caviar pour pauvre), pâtes, riz, thon, soupe, fins de marché...

En évitant les dépenses inutiles : Les familles nombreuses ont inventé la récup' et la débrouille avant que ce soit la mode. Ce sont encore elles qui ont été la base de l'explosion des chaînes de discount alimentaires.
Je ne suis allée chez le coiffeur qu'à 12 ans, et encore parce que je voulais une coupe que maman ne pouvait me faire sans dommage (tout court partout !). Je n'ai eu ma première fringue neuve qu'à 15 ans, et c'est moi qui me la suis offerte. Le reste, c'était échanges entre les mères du quartier, braderie des occasions et robes "tube" faites main ( un tube de tissu avec deux bretelles...tadahhh!).

En réduisant le budget sur tout : pas de vacances, pas de sports en club, pas de bouquins, pas de télé pendant plusieurs années (c'est mon père qui a craqué en premier), des cadeaux d'anniversaire et de Noël réduits à l'expression de leur amour... Vivent les bibliothèques, les cadeaux faits main avec du carton, des coton-tiges et des mouchoirs en papier (véridique), les brocantes pour que j'achète 20 livres pour 10F (1.5E pour les jeunes)...

Mais c'est trop horrible !


Non, c'était la vraie vie, sans poupées Barbie et Ken à se déchirer partager,  sans débats sur l'endroit des vacances "la Bourboule ou le Touquet ?", plutôt "je vais chez ma marraine ou je reste tout l'été à faire du vélo dans mon quartier désert ?", sans grandes jalousies ni gros problèmes.

J'apprendrai plus tard que mes parents ont fait le grand écart toutes les fins de mois, tiré le diable par la queue, fait les fonds de tiroirs, revendu un à un tous les livres et les petites voitures de collection que mon père avait de sa jeunesse.

Etre dans une famille hors norme de ce type, c'est faire l'expérience d'une société solidaire.

Publié dans snouc-ittude

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