Indestructible

Publié le par Mamzelle Snouc

S'il y a des a priori conséquents sur les professions soignantes (à part la superbe et originale remarque sur nos sous-vêtements, merci de ne pas recommencer), les plus prégnants est ceux sur notre capacité à ne jamais être malade, à n'avoir pas de vie en dehors de notre travail et à faire un travail formidable-mais-jamais-je-pourrai-le-faire.

Le fait d'embrasser une profession de santé est pourtant un facteur supplémentaire d'ennui.
Nous connaissons mieux le système et avons tendance à surévaluer nos symptômes, donc on a toujours quelque chose, ou au contraire, on en voit tellement, qu'on devient anti-médicament et plutôt médecines "complémentaires".

Porter une blouse blanche. Le seul avantage, c'est de ne pas passer 30 minutes tous les matins à s'habiller : on prend la première chose qui vient, puisqu'on va revêtir ensuite notre uniforme à l'hôpital. Cela n'immunise pas contre les microbes, la connerie ou le cancer.

Le public oublie trop vite que nous travaillons pour un objectif commun à quasi toute l'humanité : pour vivre.  Certes, certains sont d'exceptionnels philanthropes qui sauveront l'autre moitié du globe par leurs découvertes, mais la majorité d'entre nous travaillent pour payer les traites de la maison, l'appareil dentaire de la dernière ou les courses de Noël.

Cela n'empêche pas certains patients de nous rabâcher les "vous ne pouvez pas comprendre", ou "tant qu'on n'a pas vécu, on ne se rend pas compte". Comme si nous étions protégés d'une sorte d'aura, de bouclier depuis l'enfance qui nous empêcherait d'avoir mal, de perdre des enfants, de voir souffrir et mourir un parent, d'être soi même atteint d'une pathologie grave.

Petit hommage à tous ceux que j'ai vu partir, en 10 ans de carrière, d'une "longue maladie", de dépression, d'atteintes cardio-vasculaires, à tous ceux qui ont contribué à nous rappeler combien la vie est courte et précieuse.
Grande pensée émue à Michèle, qui m'a aidé un nombre incalculable de fois et qui maintenant vit à travers le témoignage de tous ceux qu'elle a accompagné.

Comme les instits, les soignants peuvent être inoubliables.
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