Avec du sel et bien cuit

Publié le par Mamzelle Snouc



Je ne suis pas une grande fan des bêtes. Voilà qui est dit.
Au risque de recevoir des mails rageurs des 30 millions d'amis des chiens, des chats et autres plein de poils et de plumes, les bébêtes, ça pue, ça crotte et ça bave.

Je préfère les bébés, au moins, ça sert de site de chat après 18 mois et ça apprend à fermer la porte des toilettes, à ne pas se lécher le derrière puis votre visage, à ne pas beugler et détruire le nouveau canapé en cuir dès qu'on a fermé la porte pour aller bosser. Et puis, plus tard, ce n'est pas votre beagles préféré qui viendra vous voir en maison de retraite en vous emmenant votre dessert favori, le Paris-Brest, pasqu'il l'aura déjà boulotté, et puis en plus, il sera déjà de mort de vieillesse, le bougre.


Vous l'aurez compris, j'aime pas les bêtes.
Jamais vraiment agressée. Le méchant gros chien noir de ma jeunesse n'a que montré ses dents en grognant très fort.
Plutôt un profond désintérêt. Voir les chambres de mes copines me faisait pouffer de rire et de dédain, les murs étaient recouverts de chiots en couffin, de dauphins bondissant dans un soleil couchant ou des chevaux galopant dans une éternelle prairie.

Le seul animal digne de mémoire pour moi a été notre chatte, dernière survivante de la flopée de petits animaux à jamais disparus de notre grande maison.

Avant elle, un lapin nain, qui était retourné à la vie sauvage dans notre cave en mangeant nos réserves de riz et de lentilles et en pillant de ses désormais longues dents les quelques photos traînant négligemment dans les cartons. Il périt empoissonné, en s'abreuvant à une fuite de notre chaudière au fioul.

Une souris, Banane, que ma petite soeur tentait patiemment d'élever, et qui passait son temps à faire son numéro d'évasion à travers les tout petits barreaux de sa cage. Le nombre de fois qu'elle s'est fait coincer par Minette, la super chatte noire ! On entendait alors des hurlements :
"Tu vas laisser ce chat manger ma toute petite souris ? Tu es cruelle !
- Non, c'est la loi de l'univers, les plus cons se font bouffer en premier !"
Finalement, on a décidé de virer la cage pleine de trous et de mettre Banane dans un seau en plastique. On ne sait pas pourquoi on l'a retrouvée momifiée en rond quelques jours plus tard. Elle s'est retrouvée au même endroit que trois poissons rouges (dont un retrouvé le ventre en l'air après que ma petite soeur ait avoué lui avoir fait un bisou) et un hamster : dans le cimetière des animaux, au milieu du jardin, à trois pas du cerisier et à quatre du rosier.

Attention, séquence émotion.La chatte en question était arrivée là par accident. On l'hébergeait pour des amis pendant leurs vacances et lorsqu'il sont venus pour la récupérer, ma dernière petite soeur qui s'y était fortement attachée, a fondu en larmes et a refusé de la rendre. Plein de bons sentiments, le propriétaire nous l'a alors léguée. Ce fut un joli cadeau qui nous a tous réconciliés avec la gent féline.
 Habituellement, nous connaissons les chats dans le voisinage comme les principaux prédateurs des malheureuses belettes qui traînent encore dans nos sous-bois. Cet exemplaire-ci nous a prouvé par A + B que l'animal peut être doté d'intelligence. Tous les jours, elle allait attendre mon père à l'arrêt du bus au retour de son bureau. Tous les soirs, elle nous accompagnait, mon frère et moi, lors de notre virée dans le quartier pour aller fumer notre clope tout en devisant. Elle nous obéissait, attendant avant de traverser et démarrant à notre signal. Elle était propre et discrète, se contentant d'une fenêtre à moitié ouverte pour s'échapper la nuit et vaquer à ses petites affaires. Même ma mère, qui me ressemble sur ce point de très petit amour pour les z'animaux, s'attachait graduellement à sa présence, et s'inquiétait de ne pas la voir rentrer au petit matin.
La nature faisant bien les choses, elle l'a dotée d'une première portée d'adoraaaaables petits chatons gris que nous avons pu faire adopter rapidement. J'ai appris beaucoup sur l'éducation et les mammifères en la regardant élever ses petits en parfaits gentlemen et en moins de trois mois. C'était la reine de la torgnole si le dernier n'enterrait pas sa petite crotte, ou si l'aînée ne se léchait pas le poil assez vigoureusement. En récompense, ils venaient tous les cinq s'endormir sur le ventre de mon père tous les dimanches après-midi, profitant du soleil généreux et du générique de Walker Texas Ranger. La deuxième portée fut une surprise, pas vraiment par la grossesse, mais plutôt parce que Minette était monogame ! 4 petits chatons gris de nouveau.  L'accouchement fut épique, dans le  jardin sous l'orage (la première fois, c'était dans le placard à chemises de mon père). Nous nous sommes relayés auprès d'elle pendant deux heures, la protégeant de la pluie et du vent. Elle nous permit de prendre soin de ses petits pendant que nous la rapatriions à l'intérieur.
Peu de temps après, revenant du lycée, je monte voir mon frère et reste stupéfaite de le découvrir abattu dans sa chambre. Lui, si in, si peu accessible à la sensiblerie, est en larmes. Il rentrait du travail et a entendu des miaulements désespérés sous une voiture. C'était Minette, renversée par un camion, qui avait réussi à se traîner jusqu'à la maison. Il a appelé tous les vétérinaires du coin, qui ne pouvaient se déplacer, et a finalement parcouru quatre kilomètres à pied en la portant dans un panier en osier pour s'entendre dire qu'il fallait l'euthanasier, car elle avait de multiples fractures. Ce qui fut fait. Le deuil a régné dans la maison pendant des jours et des jours. D'un commun accord, nous avons décidé de ne plus avoir d'animal à la maison. 

Back to normal

Plus tard, ma soeur et son mari (a.k.a. le beauf', pasqu'il le vaut bien !) ont adopté un chiot golden retriever. Depuis que je le connais, ce chien me fait penser à Rantanplan. Il est pas con, il est concon. Il adore dire bonjour aux voitures, surtout quand elles roulent, il me colle aux basques et s'endort sur mes pieds alors qu'il sait que j'ai horreur de ça, il pète comme un innocent et nous fait fuir la maison en catastrophe. Là dessus, il est calme comme un pape, me laisse l'insulter allègrement sans broncher, et ne miaule pas comme une mauviette le matin près de la porte pour aller faire pipi. Un parfait sujet de recherche criminelle pour moi. A la dernière Saint Sylvestre, j'ai passé le dîner à élaborer des stratégies d'assassinat. Jusque là, j'en suis à 34 différentes, saignantes ou discrètes. Mon beauf' me dit que je suis contente que son chien m'aime comme ça, et qu'il passe le temps à m'épier le WE quand je suis chez eux, attendant que je prononce ma phrase rituelle : Dégage, le chien ! Y parait que le chien adore m'entendre dire ça, et il bondit partout en faisant des ouaff ouaff et des petits pets. Allez savoir.

Publié dans snouc-ittude

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D
c'est dans l'article " le nez dans les poils " si tu veux jeter un oeil. à toi de juger !
Répondre
M
<br /> J'ai lu, j'ai lu !   <br /> <br /> <br />
D
c'est marrant, ça me rappelle des trucs que j'ai écrit, en pire !!!
Répondre
M
<br /> En pire de moi ou en pire par toi ?<br /> <br /> <br />